
Déchéance de nationalité : «La parole dernière est celle du président», assure Taubira
Contre toutes attentes, le président a finalement décidé de conserver dans son projet de révision constitutionnelle la très controversée déchéance de nationalité. "En Conseil des ministres, François Hollande a privilégié l'hésitation jusqu'à la dernière minute, choisissant de désavouer et d'humilier publiquement sa garde des Sceaux Christiane Taubira, qui n'est plus en toute logique en mesure de porter cette réforme constitutionnelle", a ainsi estimé Eric Woerth dans un communiqué.
"La fin de l'état d'urgence devra être strictement proportionnée à la situation et à la menace", a déclaré Manuel Valls lors d'une conférence de presse à l'issue du conseil des ministres.
Depuis qu'elle a porté à son terme la loi sur l'ouverture du mariage aux homosexuels, cette femme de caractère originaire de Guyane voit sa tête réclamée à cor et à cri par la droite et l'extrême droite, qui lui reprochent aussi son "laxisme" en matière pénale. François Hollande "a encore menti aux Français alors qu'il l'avait annoncée devant le Congrès!", écrit-il.
Croyant avoir obtenu gain de cause avant de s'envoler en visite officielle pour l'Algérie, elle l'avait même annoncé à la radio publique algérienne, en n'oubliant pas de rappeler sa franche opposition à cette mesure.
"Un gouvernement socialiste légitime ainsi les thèses du Front national, offrant par là même une victoire culturelle et symbolique supplémentaire au bloc réactionnaire", écrit-il. "Borner les critères de déclenchement de l'état d'urgence et encadrer les mesures de prolongation dans la Constitution, c'est les mettre définitivement au-dessus de tout risque de dérive partisane", a-t-il expliqué.
Autre mesure prise en parallèle de l'état d'urgence, le rétablissement des contrôles aux frontières françaises après les attentats de Paris a entraîné le refoulement au total de 3414 personnes, "en raison du risque qu'elles présentent pour la sécurité et l'ordre public", selon le ministre français de l'Intérieur. Pour qu'il soit adopté, le texte doit recueillir une majorité des trois cinquièmes des députés et sénateurs.
Manuel Valls a par ailleurs annoncé que le gouvernement, se conformant à l'avis du Conseil d'Etat, n'avait pas retenu le dispositif de sortie progressive de l'état d'urgence initialement prévu.
A titre d'exemple de mesures "fortes", il a cité des investigations renforcées en matière de communication électronique, la transposition des directives européennes en matière de lutte contre le blanchiment ou encore le renforcement des dispositions relatives aux contrôles d'identité. Mercredi, Manuel Valls a annoncé que "le seuil des 1000 individus ayant rejoint depuis la France les groupes jihadistes en Syrie ou en Irak venait d'être franchi". "250 sont revenus sur notre sol", a précisé le Premier ministre.